BLUE FLOWER
« Blue Flower » est un projet personnel né d’un moment d’introspection — une exploration silencieuse de la frontière entre vérité intérieure et performance extérieure. Il pose cette question : où commence l’authenticité, et où prend racine le besoin de paraître ? À travers chaque image, le projet cherche à révéler cet espace délicat où la présence dépasse la posture, et où la beauté devient une forme de sincérité.
« Blue Flower » est aussi une manière de proposer un regard singulier sur la mise en avant de prêt-à-porter ou de produit en Asie — une tentative de réconcilier esthétique et sincérité, au-delà des codes habituels.

La distinction entre films et publicités
La principale distinction entre un film artistique et une publicité de luxe réside dans leur intention profonde et leur rapport à la vérité :
- Le film artistique cherche à exprimer une vérité intérieure, souvent complexe, ambivalente, voire encore inconnue. Il explore des émotions, des questionnements existentiels, des récits humains, parfois au détriment du confort ou de la séduction immédiate. Sa finalité première n’est pas de plaire, mais de révéler.
- La publicité de luxe, elle, s’inspire parfois des codes du cinéma artistique (esthétique, narration poétique, musique envoûtante), mais son objectif reste de projeter un idéal désirable, de séduire pour vendre un produit ou un univers. Elle évoque l’élévation, mais dans un cadre contrôlé, policé, souvent dénué de faille — une beauté figée plus qu’une vérité incarnée.
En résumé :
- Le film artistique dévoile, la publicité suggère.
- L’un cherche la vérité, l’autre vend une promesse.

Pourquoi la vérité est importante pour nous ?
La vérité est importante pour nous parce qu’elle est le seul socle solide sur lequel nous pouvons construire une vie qui ait du sens. Elle ne se limite pas à des faits : elle relie profondément ce que nous sommes à ce que nous vivons, ce que nous faisons, ce que nous créons. Elle nous permet de nous sentir justes, alignés, même dans l’incertitude ou la vulnérabilité.
Sans vérité, il ne reste que le paraître, la performance, ou une forme de survie sociale qui finit par nous éloigner de nous-mêmes. Nous sentons que la vérité ne crie pas, ne s’impose pas — elle habite les gestes simples, les choix sincères, les images pleines de présence. Elle a une douceur grave, une force silencieuse.
Chercher la vérité, c’est renoncer aux masques, regarder avec honnêteté, et vivre avec intention, même si cela coûte. À travers notre travail, nous ne cherchons pas à impressionner. Nous voulons simplement témoigner — d’une manière d’être au monde, d’un lien à l’autre, à nous-mêmes, à la lumière. Cette vérité-là, discrète mais enracinée, donne à ce que nous faisons une dimension intime, presque spirituelle.

Comment se traduit cette différence visuellement entre vérité intérieur et idéal intouchable du luxe ?
La différence visuelle entre vérité intérieure et idéal intouchable du luxe se manifeste ainsi :
Vérité intérieure
- Simplicité et naturel : on voit la personne telle qu’elle est, avec ses émotions, ses fragilités, ses petites imperfections.
- Lumière douce, naturelle, organique : souvent lumière ambiante ou tamisée, pas d’artifices, qui révèle sans masquer.
- Couleurs organiques : comme un Monet les couleurs restent naturelles et authentiques, évitant toute rigidité ou aspect trop aseptisé.
- Expression authentique : regard sincère, posture décontractée, capturant un moment de vulnérabilité ou de profondeur.
- Décors modestes voire intimes : un espace simple, familier, où l’on ressent une atmosphère chaleureuse et humaine.
- Couleurs sobres, neutres ou chaudes : tons terreux, pastels, rouge qui évoquent la chaleur humaine plus que l’éclat superficiel.
Idéal intouchable du luxe
- Perfection et mise en scène extrême : peau parfaite, maquillage impeccable, absence totale d’imperfections.
- Lumière sophistiquée et dramatique : spots, contrastes forts, effets de brillance qui soulignent l’éclat et la richesse.
- Couleurs sous contrôle : Les couleurs restent précises et maîtrisées, chaque teinte trouve sa juste place. Une palette raffinée est employée, conférant à l’image une rigueur technique quasi clinique.
- Postures élégantes et posées : modèles figés dans des poses étudiées, souvent distantes, comme des statues vivantes.
- Décors somptueux, luxueux : lieux riches en détails, matériaux nobles, objets précieux.
- Palette de couleurs raffinées et saturées : doré, noir profond, blanc éclatant, jaune et vert nobles, couleurs riches qui évoquent le prestige et l’exclusivité.
En somme :
- La vérité intérieure parle de connexion, d’émotion brute, d’humanité révélée.
- L’idéal du luxe parle de distance, de rêve, d’un monde construit et parfait, presque inaccessible.
Cette différence se ressent autant dans l’ambiance que dans le regard que porte le photographe sur son sujet.

Quel est le juste milieu entre promesse et vérité ?
Le juste milieu entre promesse et vérité se trouve dans l’équilibre entre ce que l’on aspire à offrir et ce que l’on est réellement capable de tenir — sans enjoliver ni sous-estimer.
C’est savoir parler avec authenticité tout en inspirant confiance, montrer un idéal sans créer d’illusions impossibles.
La promesse donne du sens et du désir, la vérité assure la crédibilité et la pérennité. Quand ces deux forces s’accordent, elles créent une relation sincère et respectueuse, où l’engagement ne se limite pas à un discours, mais devient une réalité vécue.
En somme, c’est naviguer entre rêve et ancrage, entre espoir et honnêteté — pour que la parole soit porteuse, mais jamais trompeuse.

Qu'en est-il de ce projet ?
En tant qu’aspirant directeur de la photographie, mon rôle est de sublimer un sujet sans jamais trahir son essence. Le choix de la robe, pensé avec soin, reflète une esthétique humble et chaleureuse, loin de toute intention élitiste. Le lieu — Runa Home — s’inscrit dans cette même volonté : incarner la chaleur et l’authenticité sans basculer dans une élégance froide et luxueuse.
C’est aussi pour cette raison que j’ai opté l’usage du filtre Pro-Mist pour adoucir la lumière, le contraste, cela pour éviter un étalonnage trop froid ou trop perfectionniste. L’ajout de teintes rouges et magenta, en lien avec l’éclairage tungstène authentique, a été soigneusement pensé afin de restituer la chaleur sincère et enveloppante du lieu. L’approche visuelle devait rester fidèle, organique, profondément humaine.

En quoi est-il essentiel de comprendre et de maîtriser les codes du luxe, même lorsque l’on souhaite proposer une alternative plus personnelle ou authentique ?
Comprendre les codes du luxe permet de mieux dialoguer avec ses exigences esthétiques, son exigence de détail, et sa capacité à créer du désir. Même si l’on ne cherche pas à les reproduire, les maîtriser donne une conscience plus fine des attentes culturelles, de la symbolique des matières, des couleurs, de la lumière, et du langage visuel en général. Cela permet de s’en inspirer, de les détourner avec justesse, ou de proposer une vision alternative avec une vraie intention, sans naïveté.
C’est en connaissant les codes que l’on peut s’en affranchir — et poser un regard plus profond, plus sincère, qui trouve sa force dans la nuance plutôt que dans l’opposition frontale.

Conclusion
Incarner notre vision et nos valeurs signifie les vivre et les exprimer à travers nos actions, nos choix et notre manière d’être — pas seulement par des mots ou des intentions, mais dans tout ce que nous faisons.
Cela implique :
- D’aligner notre comportement quotidien avec ce en quoi nous croyons profondément.
- De devenir le message, plutôt que de simplement le transmettre.
- De laisser notre travail, notre attitude et notre présence refléter naturellement notre vérité intérieure — sans avoir à la justifier ni à la jouer.
Incarner, c’est être ce que l’on défend — avec discrétion, constance et intégrité.